Les fantômes ne pleurent pas by Ane Riel

Les fantômes ne pleurent pas by Ane Riel

Auteur:Ane Riel [Riel, Ane]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman, Littérature danoise
Éditeur: Seuil
Publié: 2023-03-16T06:35:55+00:00


Debout dans l’embrasure de la porte de la buanderie, elle les regarda s’éloigner en leur faisant des signes de la main. Elle se sentait étrangement étourdie. Presque ivre. Comme à chaque fois, elle se dépêcha de regagner le salon pour continuer à leur faire signe pendant qu’ils traversaient les champs.

Ils savaient qu’elle était encore en vie. Ça la remplissait de joie.

Car elle était vivante. Non seulement sa mémoire s’était améliorée, mais son corps la faisait moins souffrir. Pas de la même façon, du moins. Depuis que le garçon lui rendait visite, ses doigts lui paraissaient plus souples. Sa vue avait toujours été bonne, mais il lui semblait distinguer les choses plus nettement encore. Et elle n’aurait pas été étonnée de recouvrer l’ouïe. Bizarrement, elle avait la sensation que le temps avait commencé à marcher à rebours. Quand elle remontait l’horloge, les aiguilles avançaient pourtant dans le même sens que d’habitude.

– Tu rajeunis, ma vieille, dit-elle à son reflet dans la vitre.

Puis elle se mit à glousser. Quelle bêtise ! Heureusement que le garçon ne l’avait pas entendue.

Otto et Lulu avaient déjà parcouru la moitié du sentier.

Le garçon se retourna pour lui faire un signe de la main. Il s’arrêtait toujours au même endroit, près d’une grosse pierre ressemblant à une tortue échouée. Il grimpa maintenant sur la pierre et agita de nouveau la main, comme s’il voulait être sûr qu’elle le voyait. Dans son salon, Alma agita sa main en retour.

Elle parvenait à lever son bras plus haut que l’épaule.

Quand les blés auraient poussé, ils le cacheraient sans doute entièrement, se dit-elle. Sauf s’il montait sur la pierre. Dans ce cas, elle le verrait. Il faudrait qu’elle pense à le lui dire.

Otto sauta par terre et courut à travers les champs. Balançant les bras, bondissant en compagnie de la chienne, il semblait presque danser. Toute cette joie, toute cette vivacité le faisaient paraître plus grand qu’il ne l’était.

Alma riait. Il savait qu’elle les voyait.

Puis ils franchirent le haut de la côte et Alma resta seule avec sa joie. Elle aurait bien voulu bondir, elle aussi, mais elle n’avait pas assez rajeuni pour ça.



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